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les poètes sauvages
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16 août 2006

dionysos le dieu sauvage

faience

DIONYSOS
MAIS QUI ES TU ?


Je suis le dieu de l’arbre, de l’écorce et de la sève ,
l’incarnation vivante de toute fertilité.
Sur mon passage fleurs et fruits sortent de terre,
de mon thyrse sacré je frappe le sol
et des roches les plus dures, de la terre la plus rétive
je fais jaillir l’eau, le vin, le miel et le lait.
Je suis le maître des liquides nourriciers,
le dieu des source souterraines,
je suis celui qui distribue la joie
et chante  les bienfaits naturels du travail honnête de la terre.

L’ancienne Rome  m’a rebaptisé Bacchus moi le deux fois né , celui dont l’histoire n’a retenu que les orgies coupables, j’étais grand et bel éphèbe mais les siècles qui suivirent m’ affublèrent d’un masque  grotesque, et quoi ! quel était donc ce corps ventru, avachi , la coupe entre des doigts charnus se déversant entre des lèvres disgracieuses ?   Etait-ce là le dieu qui était né d’un si vaste foudroiement entre la terre et le ciel ?


Les fanatiques s’empressèrent  de me remettre le sceptre de la luxure, de la paresse et de la colère , il leur fallait un épouvantail à ces moralistes pour asseoir la perfection de leur dieu unique, ils m’accablèrent donc et me firent roi de carnaval qu’ils pouvaient brûler en place publique, désignant ainsi à la vindicte générale ce débauché, ce grand corrupteur ! Après m’avoir déshonoré ces habiles manipulateurs pouvaient offrir à leur dieu le privilège d’un visage pur et éclairé habité par une sagesse toute universelle.
Ce dieu ainsi lavé de toutes les turpitudes (dont je me trouvais chargé) était prêt à convertir des peuples avec des armées dignes des nuées  de l’Apocalypse !

J’ai toujours su répondre à l’appel désespéré des hommes lors des moments les plus tragiques de leur histoire, c’est à la renaissance, période  si justement nommée, que je fus rappelé dans toute mon ancienne gloire,  dans toute ma dualité, dans toute ma vérité, tout semblait a nouveau me sourire , je pouvais réaliser leur rêves d’unité fraternelle !. Je vous salue donc de mémoire joyeuses confréries des poètes : festoyeurs ! : chère bande de Magny ! , gaillarde bande de Baïf ! , troupe sacrée des compagnons a la gorge altérée de Belleau ! J’étais l’invité d’honneur à leur grand festin lyrique, mais hélas les fanatiques veillaient et ces poètes généreux furent calomniés et poursuivis pour m’avoir côtoyé.
J’étais à nouveau redevenu le coupable idéal , le maître de la débauche et de la démence ! Sous les burins serviles et sous les pinceaux  huileux des artistes je m’enfonçai dans une ignominie toujours plus grande . Ces  virtuoses  firent de mon thyrse une vulgaire broche à saucisses puis plus tard placèrent un affreux balai entre les mains d’une figure à moitié homme à moitié bouc cornu et barbu qui avait volé toutes ces apparences diaboliques à mes joyeux compagnons satyres, ménades , bacchantes et autres faunes ! Pour me sauver une nouvelle fois, vinrent les poètes du nord , les chantres des temps anciens , des météores ! ils me rendirent ces braves, ces lumineux ma dignité , ma noble appartenance a tous les éléments d’une nature qui commençait à souffrir  des saccages perpétrés par l’homme. J’étais à nouveau leur guide, leur intercesseur entre les puissances du haut et les puissances d’en bas, ils me célébrèrent tous a leur manière, dans l’abîme ou dans la lumière, certains parmi les plus inspirés en payèrent le prix  mais leur folie fut un don  et leur tragique démence construisit leur gloire qui ne fut jamais démentie.

En ces temps nouveaux dans les vapeurs industrieuses émergeait la nouvelle Rome, infatigable, elle enfantait nuit et jour  et multipliait son aristocratie marchande sur toutes les terres, sur toutes les mers .
Pour la servir des multitudes devinrent esclaves et se chargèrent souvent elles mêmes de liens qu’elles nommèrent libertés !
Très vite ces feux consommèrent les plus fidèles serviteurs, ces corps tout entiers occupés a une monstrueuse et névrotique agitation,  du sommet de leurs cheveux laqués aux ongles soignés de leurs orteils ! .
Tous,  disciples et prêtres  officiaient  en leurs temples de verre sous l’œil omniprésent des gorgones domestiques et célébraient la valeur, plus grande a leur yeux que l’humanité entière, d’une parcelle de papier arraché a notre frère l’arbre ! La nouvelle  Rome dans sa fièvre avait fait basculer Bacchus dans l’ivresse monstrueuse des grands génocides , moi Dionysos je vous l’affirme aujourd’hui cette nouvelle Rome périra  trahie par son appétit féroce et imbécile, elle déchirera ses propres membres et comme la mère de Panthée réalisera après avoir connu l’ivresse de la victoire, l’horreur irréparable de son crime !. Elle comprendra effarée qu’elle a tué de ses mains sa descendance en laquelle elle avait placé tous ses rêves de puissance. Ainsi ma folie dionysiaque aura encore frappé,  non un seul roi comme Lycurgue qui voulant me chasser fut aveuglé  et croyant arracher  les ceps sur son royaume  tua  ainsi son épouse et son fils, mais cette fois un empire toute entier ! un empire trop confiant en sa puissance, un empire trop présomptueux qui s’était donné comme mission d’abolir le mal .

Je ne suis pas le dieu du vin mais le dieu de la vigne, le dieu de la vie ! et la folie qui accable mes ennemis s’abreuve à la source de leur propre haine que je transforme en hallucinations. Plus les masques de mes ennemis sont nombreux et habiles plus la folie dont je les accable est violente et dévastatrice .
Dissimulez votre cruauté sous la bienveillance ou sous la compassion religieuse et vous ne pourrez m’échapper ! comme devant Méduse vous périrez brûlés par votre propre regard ! Oubliez votre âme et vous n’aurez plus ici que la faiblesse de votre corps  abandonné à la voracité des vers et aux bourdonnements des mouches ! Ma jeunesse est éternelle ! , poètes prophétiques, poètes visionnaires je vous invite tous ici à un festin fraternel ! , je vous invite moi Dionysos a danser sur les ruines de la nouvelle Rome !

RD                   31  juillet 2006




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